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SHORT RIDE IN A FAST MACHINE (1986)

 John ADAMS (1947)


I. JOHN ADAMS.

Né en 1947 dans une famille amatrice de jazz – son père joue du saxophone et sa mère chante – John Adams apprend la clarinette avec son père, et joue dans des groupes et orchestres locaux du New Hampshire (nord-est des États-Unis) où la famille habite. Il participe à de nombreuses fanfares locales comme clarinettiste, pratique qui aura une grande influence sur son style musical.

Il commence à étudier la musique (clarinette, théorie, orchestration et direction) dans les conservatoires locaux, avant d’être admis à l’université d’Harvard où il étudie la musique contemporaine et électronique d’avant-garde.

John AdamsJohn Adams

John Adams a dans l’oreille les musiques de jazz qu’il a entendues avec ses parents. Mais surtout lorsqu’il sort de l’Université après ses cours, il entend la musique rock qui est en plein développement. Et il se demande quel rapport il peut bien y avoir entre ce qu’il étudie dans le laboratoire du département de musique de Harvard et ce qu’il entend dans la rue. Toutes ces musiques qui se télescopent, les populaires, les savantes, celle qu’on entend dans la rue, celle qu’on entend dans les concerts confidentiels de l’université, John Adams est perdu. Il n’arrive pas à trouver son propre style, il part pour la côte ouest des États-Unis, vers la Californie où les mœurs musicales sont plus souples qu’en Nouvelle-Angleterre et plus aptes aux mélanges.

Il étudie alors au conservatoire de San Francisco et commence à y enseigner.

Il découvre le courant minimaliste (L. Young, T. Riley, S. Reich, P. Glass). C’est une révélation. C’est cette musique qu’il souhaite composer à présent, mais sans délaisser son goût pour la sophistication et les musiques expérimentales qu’il a étudiées à Harvard.

Une de ses premières pièces, China Gates, pour piano seul, est caractéristique du mouvement minimaliste : une petite cellule mélodique, consonante, constamment répétée et variée progressivement. Elle va le lancer sur le devant de la scène.

ÉCOUTE : China Gates (1977).

Il poursuit alors dans cette voie en composant des œuvres plus longues.

ÉCOUTE : Phrygian Gates (1977-78).

Ces deux pièces sont regroupées et forment l’opus 1 de son œuvre. Elles sont revendiquées par le compositeur comme étant ses premières pièces vraiment personnelles.

Il commence alors à varier les effectifs et à adapter ces techniques répétitives à des ensembles progressivement de plus en plus importants.

ÉCOUTE : Shaker Loops (1978).

Cette pièce pour septuor à cordes, le positionne comme un compositeur majeur du XXe siècle.

Son style commence à s’affirmer :

  • Beaucoup de jeux sur les timbres,
  • Une orchestration très riche,
  • Une pulsation très présente,
  • Une musique globalement consonante (mais harmoniquement complexe),
  • Un recours très subtil à la répétition. Les variations sont toujours complexes, on s’éloigne du minimalisme du début, très systématique.

Il devient conseiller de l’Orchestre symphonique de San Francisco pour les musiques nouvelles. L’année suivante, Adams se produit pour la première fois à New York au musée Guggenheim soutenu par Steve Reich.

Il applique alors sa technique de composition à des pièces pour orchestre de plus grande envergure.

ÉCOUTE : The Chairman Dances (1985).

Son style est posé :

  • Pulsation très présente,
  • Caractère souvent très dynamique,
  • Musique plutôt consonante (mais harmoniquement complexe),
  • Forme répétitive, mais complexe néanmoins (de nombreux et subtils changements),
  • Grande richesse orchestrale.

Toutes ses œuvres témoignent d’un subtil mélange entre musique minimaliste, musique symphonique savante, musique de fanfare américaine (bois, cuivres et percussions très présents), et musique populaire (influence de la musique folklorique américaine, de la Pop par moments et du Jazz).

C’est l’année suivante qu’il compose son diptyque Two Fanfares for Orchestra (1986).

Ce sont deux « fanfares » pour orchestre, la première, Tromba Lontana, plutôt calme, la seconde, Short Ride in a Fast Machine, très dynamique, est l’œuvre au programme du Bac Spé.

Nixon in China

La renommée pour un compositeur vient souvent de la composition d’un opéra, œuvre d’envergure. C’est en 1987, avec son 1er opéra intitulé Nixon in China, que John Adams rencontre un large public et connaît un succès international.

ÉCOUTE : Nixon In China (1987). Un petit extrait, ici vers le début. Mais l’opéra dure près de 3h, n’hésitez pas à regarder quelques extraits en vous déplaçant dans la vidéo pour voir un peu à quoi ressemble l’ensemble de l’opéra.

https://youtu.be/kEs5cKgHk_0?t=546

Il poursuit son travail, mais ne se répète jamais. Même si son style et toujours reconnaissable, il élargit à chaque œuvre la palette sonore de sa musique.

ÉCOUTE : Concerto pour violon (1993). Ici, le 2e mouvement, une Chaconne (donc avec une basse obstinée) très élaborée. Écrit pour violon solo, orchestre symphonique et synthétiseur, cette œuvre reçoit le Grawemeyer Award en 1995 (prix annuel américain qui récompense une composition musicale originale et innovante).

En 2002, Adams répond à une commande de plusieurs institutions new-yorkaises souhaitant commémorer la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001 et compose On the Transmigration of Souls. Cela lui vaut en 2003 le prix Pulitzer de musique.

ÉCOUTE : On the Transmigration of Souls (2002). Pour chœur, orchestre et sons préenregistrés. Toujours un style en perpétuelle évolution. Beaucoup d’expérimentation et un travail sur le timbre très poussé.

En 2004, il est le premier récipiendaire du prix Nemmers en composition musicale qui vient d’être créé. Un prix prestigieux et richement doté (100000$).

Il reçoit un doctorat d’honneur des universités de Cambridge (2003) et de Harvard (2012).

***

La musique des compositeurs minimalistes S. Reich, P. Glass où plus récemment M. Richter vont souvent subir les critiques du milieu intellectuel et du milieu musical « savant ». Leur musique, minimaliste, est souvent vue comme simpliste et facile.

Ce n’est pas le cas de John Adams qui a su s’imposer dans tous les milieux et est respecté et considéré comme un compositeur majeur de la seconde moitié du XXe siècle, aussi bien par les adeptes (souvent américains) de la musique minimaliste et répétitive, que par les Européens, fervents défenseurs de la musique d’avant-garde.

Il saura aussi toucher les mélomanes, plus adeptes d’un répertoire « classique » et symphonique, par son talent d’orchestrateur et de coloriste (toujours de belles alliances de timbres). Il est aussi respecté sur la scène Electro, Jazz et Pop.

John Adams est un compositeur plébiscité par les orchestres et les théâtres. Sa musique, facile d’accès, mais très élaborée touche un grand public autant professionnel que mélomane.

À ce jour et dans le cadre de la musique dite « classique », c’est le compositeur « vivant » le plus joué par les orchestres de par le monde.

John Adams