c) Rôle des pupitres.
Dans cette pièce, chaque pupitre a donc un rôle bien défini. Comme dans la majorité des fanfares, ce sont les vents et les percussions qui occupent la première place.
– Les percussions assurent la continuité rythmique. Un ostinato de wood-block (véritable signature de la pièce) est présent du début à la fin. Il marque la pulsation, c’est le « cœur » de cette pièce, elle débute par cet ostinato, solo :

En plus de ce rôle d’assise rythmique, les percussions renforcent les accents :

Comme dans toutes les fanfares, les percussions ont donc ici un rôle beaucoup plus rythmique que mélodique.
– Les bois assurent l’essentiel de la partie mélodique. Les bois aigus apportent de la couleur et du dynamisme par des fusées extrêmement virtuoses :

– Les clarinettes occupent une place centrale. Elles viennent compléter l’ostinato de wood-block par un 2e ostinato, de 3 notes (ré-mi-la) qui va se décaler par rapport au premier en hémiole*. Avec l’ostinato de wood-block, cet ostinato de clarinette est le 2e élément le plus important de la pièce :

*Une hémiole désigne, en musique, une superposition de ternaire et de binaire. Ici, l’ostinato de 3 notes des clarinettes, crée un décalage avec la pulsation (ostinato de wood-block) :

– Les cuivres, comme il se doit, apportent de la puissance. Ils adoptent souvent une écriture en tutti, très verticale, avec de nombreux accents, qui fait directement référence à la fanfare :

– Les cordes ont un rôle secondaire dans cette pièce. Elles enrichissent la texture en doublant les autres parties. Il n’y a pas d’effet particulier aux cordes (pizz, harmonique ou autre). Leur jeu est souvent fortissimo, en tutti, sur des notes répétées. Les cordes n’ont ici qu’une fonction, celle de donner de l’épaisseur à l’ensemble :

– Les synthétiseurs enfin ont un rôle similaire, ils sont uniquement là pour enrichir le timbre (doublure des bois) :

Répartition des pupitres :

d) Forme
Short Ride in a Fast Machine dure 4’20 environ (suivant les versions).
La pièce est en 5 parties + coda :

Globalement, les parties sont assez facilement identifiables. Elles ont chacune des caractéristiques d’écriture et de timbre assez différentes les unes des autres. Elles évoluent en outre en crescendo (augmentation de la tension) pour aboutir à la partie suivante ➞ détente, changement d’écriture, puis crescendo à nouveau (une technique que beaucoup de compositeurs minimalistes et post-minimalistes utilisent, Richter par exemple).
Ce qui reste commun à toutes les parties et la répartition des rôles des pupitres vue précédemment et la présence de l’ostinato de wood-block (remplacé par le xylophone dans la partie E), qui marque la pulsation du début à la fin de la pièce, comme un repère stable malgré le chaos environnant.
e) Tonalité
Comme souvent, la musique de John Adams est faussement simple. Ici, on peut résumer en disant que la pièce est en Ré (tonalité lumineuse), elle débute et elle finit en effet sur un accord de Ré majeur. Mais en réalité, Adams utilise de nombreuses techniques de composition : polytonalité, modalité, chromatismes, cluster, etc.
Le fait que sa musique soit répétitive la rend (comme chez Ives ou Copland) assez facilement accessible, mais elle n’en demeure pas moins très élaborée quand on rentre dans le détail (ce qui n’est pas le but de ce cours).
À retenir donc : tonalité joyeuse et lumineuse de Ré majeur mais avec une harmonie globalement très complexe.